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« Les choses de la vie au néant emportées
Sont mornes à revoir aux pâleurs de la nuit.
Laissons-les, vous disais-je, où Dieu les a jetées.
De la mémoire, à deux, les pages feuilletées
Rendent un triste bruit ! »

Les tisons, à nos pieds, fumaient à peine encore ;
Le jour dans un nuage expirait au couchant.
Alors, sur le galet que son reflet colore,
Une femme passa, qui, de sa voix sonore,
Chantait un divin chant.

Étrangère aux grands yeux, de race italienne,
Elle se détachait sur la pourpre du soir ;
Légère, elle passait et, sans reprendre haleine,
Elle chantait ce chant de la vie encor pleine
De rêves et d’espoir.

Et dans l’âtre, soudain, des épaves en cendre
Un dernier feu jaillit comme une langue d’or.
Et tous deux, en nous-même heureux de redescendre,
Nous sentîmes aussi que nos cœurs pouvaient rendre
Une étincelle encor !