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Dans un vaisseau qui des terres
Fuit toujours le bord lointain,
Sur les vagues solitaires
Je naquis un beau matin.
Le baptême d’une lame
Répandue à triple seau
Vint, dit-on, me laver l’âme
Et le corps dans mon berceau.
On m’a parlé d’une mère
Qui me créa, pauvre et nu :
Sa tombe fut l’onde amère
Trois jours après moi venu.
Ce qu’on appelle une femme,
Est-ce un corps aérien ?
Est-ce un nuage, est-ce une âme ?
Seul encor, je n’en sais rien.
Ma frégate , dont la quille
Creuse son lit dans les flots,
Semble une immense coquille
D'oiseau sur la mer éclos.
Grandissant dans la tempête
Marin digne d’Albion,