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progrès dans mes études, et plus encore de la bonne pension ; ferma les yeux sur mon attachement pour sa nièce, car je le cachais si peu, qu’il était presque impossible qu’il ne s’en aperçut pas. Naturellement honnête et timide, mon seul projet était de l’épouser dès que je serais en âge. Je lui en donnai mille fois l’assurance, et de bouche, et par écrit ; mais je n’allai pas plus loin, et j’aurais regardé comme un crime d’avoir une autre idée. Lucy m’aimait-elle alors comme je l’aimais, ou l’espoir de partager ma fortune et de briller à Londres, était il son seul mobile ? Ce n’est que depuis peu que je me suis permis ce doute. Elle jouait si naturellement l’amour passionné et désintéressé que, même depuis que j’ai été éclairé sur ses défauts, je