Page:Austen - Raison et Sensibilité T2et3.djvu/438

Cette page a été validée par deux contributeurs.

regard exprimait l’étonnement le plus profond ; jamais encore elle n’avait envisagé Willoughby sous ce point de vue. Sa conduite avec la fille adoptive du colonel lui prouvait son libertinage, son mariage, qu’il était inconstant ; mais l’entendre accuser d’égoïsme, ce Willoughby dont elle avait si souvent admiré la générosité, la grandeur d’ame, tout ce qui était en sympathie avec elle… Égoïste ! répéta-t-elle, lui égoïste ! Est-ce que vous le pensez réellement ?

— Toute sa conduite, reprit Elinor, du commencement à la fin, a été basée sur le plus parfait égoïsme. C’est l’égoïsme qui lui fit différer l’aveu de son attachement pour vous, lorsque son cœur l’éprouva, non pas avec cet abandon, cette confiance qui caractérise le véritable amour, mais ba-