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au moins l’une de vous. Vous seriez surprise si je vous disais tous les moyens que j’employais pour cela, et combien de fois j’ai failli être découvert par les beaux yeux de Maria, qui me cherchaient sans cesse : mon refuge était une boutique, une allée ; mais me passer de voir Maria, non, c’était impossible ! Et cependant j’aurais fui au bout du monde pour qu’elle ne me vît pas ; il ne fallait pas moins que mon étude continuelle pour l’empêcher. Je n’eus garde de me trouver au bal de sir Georges, et le matin suivant je reçus un second billet de Maria. Non, vous ne pouvez vous faire une idée de sa bonté, de sa tendresse ! si affectionnée, si franche, si confiante ! Ah ! comme je me détestais moi-même, comme vous me détesteriez plus encore si vous l’aviez lu !