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cier à mon sort une jeune personne sans fortune ; mais avec un égoïsme, une cruauté, qui ne peut jamais m’être trop reprochée, je me conduisais de manière à engager ses affections, sans avoir seulement la pensée de pouvoir jamais l’épouser. Oui, mademoiselle, oui, je mérite ce regard indigné ; je mériterais tout au monde, si je n’avais pas deux choses à dire en ma faveur, qui peuvent un peu, sinon excuser, mais pallier au moins cette indigne conduite. L’une est que je ne savais pas encore ce que c’était que l’amour ; des galanteries banales, des conquêtes faciles et bientôt oubliées avaient jusqu’alors rempli ma vie. L’autre est le serment que je puis vous faire, et dont Maria peut vous confirmer la vérité, est de n’avoir pas eu un instant la