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tout son vrai mérite et son admiration pour Elinor. Il n’osa pas dire plus, mais la bonne mère acheva le reste dans sa pensée, et fut aussi convaincue de son ardent amour pour sa fille, que de toutes ses vertus. Sa tranquillité, sa froideur apparente, sa gravité si peu ordinaire à son âge, devinrent même à ses yeux un mérite de plus, quand elle vit que tout cela ne nuisait point à la chaleur réelle de son cœur et à la vivacité de ses sentimens. Elinor, pensait-elle, serait bien ingrate, si elle n’aimait pas ce bon jeune homme autant qu’elle en est aimée. Mais Elinor ne pouvait avoir un tort ni un défaut ; elle n’a donc point d’ingratitude ; elle éprouve aussi le sentiment qu’elle inspire. Ils sont égaux en vertus, en amour ; que faut-il de plus ? ils furent créés