que le retour de celui qu’elle aimait aurait étrangement surpris Maria, si elle n’avait pas été une continuation de son inconcevable froideur, quand elle l’avait quitté à Norland. Edward l’étonnait plus encore, elle savait comment Elinor était prudente et réservée ; mais un homme, un amoureux aussi glacé lui paraissait un être contre nature ; elle ne pouvait en revenir, et vraiment sans être aussi vive, aussi sensible que Maria, on pouvait en être surpris. Passé le premier instant, où il avait témoigné un peu d’émotion en les retrouvant, rien dans sa manière n’annonçait ses sentimens pour Elinor ; il ne la distinguait par aucune marque d’affection ; à peine paraissait-il sensible au plaisir de la revoir ; à peine ses regards se portaient-ils sur elle.
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