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Quand Frédéric parlait, c’était pour elle, la même voix, le même esprit. Ceux qui l’entouraient, étant très ignorants des choses de la marine, lui faisaient mille questions. Les misses Musgrove étaient tout oreilles lorsqu’il décrivait la vie à bord, les repas, les occupations de chaque heure ; et leur surprise, en apprenant les arrangements et l’installation d’un navire, faisait surgir quelque plaisante réponse, qui rappelait à Anna le temps où elle était elle-même ignorante de ces choses. Elle aussi avait été plaisantée pour avoir cru qu’on vivait à bord sans provisions, sans cuisinier ni domestiques, et qu’on n’avait ni cuillers ni fourchettes.

Un soupir de Mme Musgrove l’éveilla de sa rêverie :

« Ah ! mademoiselle, lui dit-elle tout bas, si le ciel m’avait conservé mon pauvre fils, il serait un autre homme, aujourd’hui ! »

Anna réprima un sourire, et écouta patiemment Mme Musgrove, qui continua à soulager son cœur.

Quand elle put donner son attention à ce qui se faisait autour d’elle, elle vit que les misses Musgrove avaient apporté la liste navale pour y chercher les noms des navires que le capitaine avait commandés.

« Votre premier navire était l’Aspic.

— Vous ne le trouverez pas ici. Il a été usé et dé-