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et pas une âme pour nous tenir compagnie le soir. Je le prévoyais ; je n’ai pas de chance ; s’il survient une chose désagréable, les hommes s’en dispensent. Charles ne vaut pas mieux que les autres. Il n’a pas de cœur ; laisser ainsi son pauvre petit garçon ! Il dit qu’il va mieux. Sait-il s’il n’y aura point un changement soudain, dans une demi-heure ? Je ne croyais pas Charles si égoïste. Ainsi, il va s’amuser, et parce que je suis la pauvre mère, il ne m’est pas permis de bouger ; et cependant je suis moins capable que personne de soigner l’enfant. Précisément parce que je suis sa mère, on ne devrait pas me mettre à une telle épreuve. Je ne suis pas de force à la supporter. Vous savez combien j’ai souffert des nerfs hier ?

— C’était l’effet d’une commotion soudaine ; j’espère que rien n’arrivera qui puisse nous effrayer. J’ai bien compris les instructions du docteur, et je ne crains rien. Vraiment, Marie, je ne suis pas surprise que votre mari soit sorti. Ce n’est pas l’affaire des hommes.

— Il me semble que je suis aussi bonne mère qu’une autre ; mais ma présence n’est pas plus utile ici que celle de Charles. Je ne puis pas toujours gronder et tourmenter un pauvre petit malade. Vous avez vu, ce matin, quand je lui disais de se tenir tranquille, il s’est mis à donner des coups de pied