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au bonheur inexprimable d’avoir une amie vraie et sympathique comme lady Russel.

Cependant elle trouvait très juste que chaque société dictât ses sujets de conversation. Les messieurs Musgrove avaient leur chasse, leurs chevaux, leurs chiens, leurs journaux. Les dames avaient les soins d’intérieur, la toilette, les voisins, la danse et la musique. Anna, devant passer deux mois à Uppercross, devait meubler son imagination et sa mémoire avec les choses d’Uppercross. Elle ne redoutait pas ces deux mois. Marie était abordable et accessible à son influence. Anna était sur un pied de bonne amitié avec son beau-frère ; les enfants l’aimaient presque autant et la respectaient plus que leur mère. Ils étaient pour elle une source d’intérêt, d’amusement et d’occupation.

Charles était poli et agréable ; il était certainement, comme esprit et comme bon sens, supérieur à sa femme. Cependant Anna et lady Russel pensaient qu’une femme intelligente aurait pu donner à son caractère plus de suite, à ses habitudes plus d’élégance, à ses occupations plus d’utilité et de sens pratique. Il ne mettait beaucoup d’ardeur à rien, si ce n’est au jeu, et il gaspillait son temps.

Il était d’un caractère gai, s’affectant peu des do-