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qu’ils disaient marchant côte à côte, heureux et indépendants ; ou de voir quelle cordiale poignée de mains l’amiral donnait à un ami, et le groupe animé qu’il formait parfois avec d’autres marins. Mme Croft, au milieu d’eux, paraissait aussi intelligente et aussi fine qu’aucun des officiers qui l’entouraient.

Un matin, Anna, traversant Milton-Street, rencontra l’amiral ; il était seul, et si occupé à regarder des gravures, qu’il ne la vit pas d’abord. Quand il l’eut aperçue, il dit avec sa bonne humeur habituelle : « Ah ! c’est vous. Vous me voyez planté devant ce tableau : je ne puis passer ici sans m’y arrêter. Mais est-ce là un bateau ? Regardez. En avez-vous jamais vu un pareil ? Vos peintres sont étonnants, s’ils croient qu’on voudrait risquer sa vie dans cette vieille coquille de noix informe. Et cependant, voilà deux personnages qui y semblent parfaitement à l’aise. Ils regardent les rochers et les montagnes comme s’ils n’allaient pas être culbutés, ce qui arrivera certainement. Maintenant, où allez-vous ? Puis-je vous accompagner, ou faire quelque chose pour vous ?

— Non, merci, à moins de faire route avec moi. Je vais à la maison.

— Certainement, de tout mon cœur. Nous ferons une bonne promenade, et j’ai quelque chose à vous