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au physique et au moral, et si vous preniez sa place, votre seule supériorité sur elle serait d’être plus justement appréciée qu’elle ne le fut. »

Anna se leva et s’éloigna pour se remettre de l’émotion que cette peinture excitait en elle : son imagination et son cœur étaient séduits.

Toutes ces images avaient un charme irrésistible. Lady Russel n’ajouta pas un mot, laissant Anna à ses réflexions, et se disant que si M. Elliot plaidait en ce moment sa cause……

En résumé, elle croyait ce qu’Anna ne croyait pas encore. Celle-ci, venant à penser à M. Elliot plaidant lui-même sa cause, se trouva subitement refroidie, et se dit qu’elle ne l’accepterait jamais. Quoiqu’elle le fréquentât depuis un mois, elle ne pouvait dire qu’elle le connaissait ; elle voyait bien que c’était un homme sensé, aimable, qu’il causait bien, et professait de bonnes opinions. Il avait le sentiment du devoir, et elle ne pouvait le trouver en défaut sur aucun point, mais cependant elle n’aurait pas voulu répondre de lui. Elle se méfiait du passé, sinon du présent. Quelques mots prononcés parfois lui donnaient des soupçons ; et qui pouvait répondre des sentiments d’un homme habile et prudent, qui feignait peut-être d’être ce qu’il n’était pas ?