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« En réalité, que fera-t-il, si ce n’est ce que beaucoup de nos premières familles ont fait, ou devraient faire ? Il n’y aura rien là de singulier, et c’est de la singularité que nous souffrons le plus. Après tout, celui qui a fait des dettes doit les payer ; et tout en faisant la part des idées d’un gentilhomme, le caractère d’honnête homme passe avant tout. »

C’était d’après ce principe qu’Anna voulait voir son père agir. Elle considérait comme un devoir indispensable de satisfaire les créanciers en faisant rapidement toutes les réformes possibles, et ne voyait aucune dignité en dehors de cela.

Elle comptait sur l’influence de lady Russel pour persuader une réforme complète ; elle savait que le sacrifice de deux chevaux ne serait guère moins pénible que celui de quatre, ainsi que toutes les légères réductions proposées par son amie. Comment les sévères réformes d’Anna auraient-elles été acceptées, puisque celles de lady Russel n’eurent aucun succès ?

Quoi ! supprimer tout confortable ! Les voyages, Londres, les domestiques et les chevaux, la table ; retranchements de tous côtés ! Ne pas vivre décemment comme un simple gentilhomme ! Non !

On aimait mieux quitter Kellynch que de rester dans des conditions si déshonorantes !