Page:Austen - Persuasion.djvu/102

Cette page a été validée par deux contributeurs.

On allait se séparer, quand le capitaine dit tout bas quelques mots à sa sœur.

« Miss Elliot, dit celle-ci, vous devez être fatiguée : laissez-nous le plaisir de vous reconduire. Il y a largement place pour trois ; si nous étions aussi minces que vous, on pourrait tenir quatre. Venez, je vous en prie. »

L’hésitation n’était pas permise à Anna. L’amiral insista aussi. Refuser était impossible. Le capitaine se tourna vers elle, et, sans dire un mot, l’aida tranquillement à monter en voiture.

Oui, il avait fait cela ! Elle était là, assise par la volonté et les mains de Frédéric ! Il avait vu sa fatigue, et avait voulu qu’elle se reposât. Elle fut touchée de cette manifestation de ses sentiments. Elle comprit sa pensée. Il ne pouvait pas lui pardonner, mais il ne voulait pas qu’elle souffrît. Il y était poussé par un sentiment d’affection qu’il ne s’avouait pas à lui-même. Elle ne pouvait y penser sans un mélange de joie et de chagrin.

Elle répondit d’abord distraitement aux bienveillantes remarques de ses compagnons. On était à moitié chemin, quand elle s’aperçut qu’on parlait de Frédéric !

« Il veut certainement épouser l’une des deux,