Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/91

Cette page n’a pas encore été corrigée

chapitre 17


Élisabeth, le jour suivant, raconta à Hélen la conversation qu’elle avait eue avec M. Wickham. Hélen l’écoutait avec autant de chagrin que de surprise, ne pouvant croire M. Darcy si peu digne de l’amitié de M. Bingley : mais le moyen de mettre en doute la sincérité d’un jeune homme aussi aimable que M. Wickham ! L’idée seule qu’il avait été malheureux l’intéressait à lui ; elle crut donc n’avoir d’autre parti à prendre que de penser bien de tous deux, de les défendre l’un et l’autre, et d’attribuer à quelque erreur, ou au seul hasard, ce qu’elle ne pouvait expliquer autrement.

« Il vaut mieux penser, dit-elle, qu’on les a trompés tous deux ; par quels moyens ? c’est ce que nous ne pouvons savoir. Des personnes intéressées auront, par de faux rapports, cherché à les désunir : peut-être ils n’ont ni l’un ni l’autre aucun tort réel.

— Bonne conjecture, en vérité ! Et maintenant, ma chère Hélen, qu’avez-vous à dire en faveur des personnes intéressées qui se sont mêlées de cette affaire ? Justifiez-les aussi, ou nous serons obligées de penser mal de quelqu’une.

— Riez tant qu’il vous plaira, vous ne changerez jamais mes idées là-dessus : pensez, ma chère Lizzy, combien M. Darcy serait coupable de traiter ainsi le protégé de son père ; cela est impossible, il ne peut exister un homme assez dépourvu de sensibilité et d’honneur pour mépriser les dernières volontés d’un père ; et ses intimes amis seraient-ils à ce point aveuglés sur son compte ? Oh ! non.