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utiles, elle devint, avec le temps, plus raisonnable et moins ignorante. On l’éloigna avec soin de la société de Lydia ; et bien que Mme Wickham l’invitât souvent à la venir voir, lui promettant et des bals et des danseurs choisis, son père ne voulut jamais consentir à la voir s’éloigner.

Mary était la seule qui restait maintenant à Longbourn et nécessairement elle fut distraite de ses études par Mme Bennet, qui ne pouvait se passer de société. Mary se vit donc obligée d’aller plus souvent dans le monde, mais elle pouvait encore faire des réflexions morales sur chaque visite du matin ; et comme elle n’était plus mortifiée par des comparaisons entre la beauté de ses sœurs et la sienne, son père eut quelque idée qu’elle se soumettait à ce changement sans beaucoup de répugnance.

Quant à Lydia et son mari, leurs caractères ne subirent aucune révolution par le mariage de leurs sœurs. Wickham supporta avec philosophie l’idée que sa fausseté et son ingratitude seraient désormais entièrement connues d’Élisabeth, et malgré tout, peut-être, espérait-il encore qu’on pourrait décider Darcy à faire sa fortune. La lettre de félicitations qu’Élisabeth reçut de Lydia lui prouva que sa femme du moins formait cet espoir. Tel en était le contenu :


« Ma chère Lizzy,

« Je vous félicite ! si vous aimez M. Darcy moitié autant que je chéris mon cher Wickham, vous devez être bien heureuse. C’est pour nous une grande consolation de vous savoir si riche ; et lorsque vous n’aurez rien de mieux à faire, j’espère que vous penserez à nous. Je suis sûre que Wickham aimerait fort une place à la cour, et je crois que sans quelques secours, notre revenu ne saurait nous suffire : n’importe quelle place, pourvu qu’elle fût de trois ou quatre cents livres sterling de rente, elle ferait notre affaire ; mais cependant n’en parlez pas à M. Darcy si vous croyez ne le devoir pas faire. »

« Votre, etc. »