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aussi se jetant à l’instant dans ses bras, elle lui avoua avec la plus vive émotion qu’elle était la plus heureuse des femmes.

« Mon bonheur est trop grand ! ajouta-t-elle, j’ose à peine y croire ; qu’ai-je fait pour le mériter ? Oh ! que n’êtes-vous toutes aussi heureuses que moi. »

Les félicitations d’Élisabeth furent exprimées avec une chaleur, une sincérité, une joie, que les mots ne sauraient rendre que faiblement ; chaque douce expression ajoutait encore au bonheur d’Hélen, mais elle ne voulut point demeurer avec sa sœur, ni lui dire alors tout ce qu’elle avait à lui communiquer.

« Il faut que j’aille sur-le-champ trouver maman, s’écria-t-elle, je ne voudrais pas pour tout au monde me jouer un instant de sa tendre sollicitude, ou permettre qu’elle l’apprît par une autre que moi ; il est maintenant chez mon père. Oh ! Lizzy ! quel délice de penser à la joie que cette nouvelle va causer à toute ma bonne famille ! »

Alors elle se hâta d’aller joindre sa mère, qui avait à dessein rompu la partie et s’était retirée avec Kitty dans son cabinet.

Élisabeth étant demeurée seule, put se livrer à son aise aux plus douces réflexions, et sourit en songeant à la facilité avec laquelle s’était enfin terminée une affaire, qui naguère leur avait causé tant de regrets et d’inquiétude.

« Et voilà à quoi aboutit, après tout, la prudente circonspection de son amie, la fausseté, les artifices de ses sœurs ! » s’écria-t-elle.

Bientôt elle fut jointe par Bingley, dont la conférence avec M. Bennet avait été courte mais importante.

« Où est votre sœur ? dit-il en entrant.

— Avec maman ; mais je crois bien qu’elle ne tardera pas à descendre. »

Il ferma alors la porte, et s’avançant vers elle, de l’air le plus aimable, lui demanda son amitié et ses félicitations. Élisabeth l’assura de grand cœur qu’elle partageait vivement sa joie, et trouverait un vrai plaisir à le nommer son frère ; ils se donnèrent la main avec la plus