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« C’est une étiquette que je méprise, répondit M. Bennet ; s’il désire me voir, qu’il me cherche, il connaît ma demeure ; je ne veux point passer mon temps à courir après mes voisins, chaque fois qu’il leur plaît de s’en aller, et de revenir.

— Eh bien, tout ce que je sais, c’est qu’en n’y allant point, vous lui ferez une incivilité ; enfin peu importe, cela ne m’empêchera pas de l’engager à dîner, nous devons un de ces jours avoir Mme Long et les Goulding avec notre famille, cela fera treize personnes, ainsi il y aura justement à table une place pour lui. »

Consolée par cette résolution elle put supporter avec plus de résignation le manque de politesse de son mari, quoiqu’il fût très mortifiant de songer que tous ses voisins verraient avant elle M. Bingley.

Comme le jour de son arrivée approchait : « Je commence à être fâchée de son retour, dit Hélen à sa sœur ; pour moi seule, ce ne serait rien, je puis le revoir avec une parfaite indifférence, mais ce m’est une chose bien pénible, d’entendre continuellement parler de lui ; ma mère a de bonnes intentions, je n’en doute point, mais ni elle, ni personne au monde ne peut savoir, combien ce qu’elle dit me cause du chagrin. Oh ! que je serai heureuse, quand il aura pour toujours abandonné Netherfield !

— Je voudrais pouvoir vous donner quelque consolation, répondit Élisabeth, mais cela m’est impossible, vous devez le sentir, et la ressource ordinaire de prêcher la patience à ceux qui souffrent, m’est ici refusée, car vous en avez toujours plus que tout autre. »

M. Bingley arriva ; Mme Bennet par l’entremise des domestiques en fut des premières instruite ; elle comptait les jours qui devaient s’écouler, avant qu’elle pût envoyer son invitation, désespérant de le voir avant ; mais le troisième jour après son arrivée dans Herfordshire, comme elle travaillait dans le salon avec ses enfants, elle le vit entrer à la grille et s’avancer vers la maison.

Ses filles furent aussitôt appelées à partager sa joie ; Hélen resta à sa place, mais Élisabeth pour contenter sa