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chapitre 43


Pendant la route, Élisabeth, non sans quelque trouble, cherchait des yeux les bois de Pemberley ; arrivée enfin à la grille son émotion s’accrut encore.

Le parc était fort grand ; ils y entrèrent par un chemin profond, et firent route pendant quelque temps à travers un bois magnifique qui couvrait une grande étendue de terrain.

Mille pensées diverses occupaient trop Élisabeth pour lui permettre de se livrer à la conversation, mais elle put voir et admirer chaque site remarquable ; ils montèrent graduellement, pendant un demi-mille et atteignirent alors un plateau, d’où les bois, venant à s’ouvrir, la vue s’étendait sur le château de Pemberley. C’était un grand et beau bâtiment, d’une noble architecture, situé sur le penchant d’un coteau, et qu’une longue chaîne de montagnes très boisées couronnait par-derrière ; au-devant coulait une rivière assez considérable. Élisabeth fut enchantée, jamais elle n’avait vu un lieu plus favorisé par la nature, et où ses beautés fussent moins contrariées. Tous trois à l’envi exprimèrent leur admiration, et en ce moment elle sentit qu’être maîtresse de Pemberley pouvait bien avoir quelque prix.

Ils descendirent la hauteur, traversèrent le pont et arrivèrent à la porte ; tout en examinant la façade du château, ses craintes d’y rencontrer le propriétaire vinrent encore la tourmenter. Elle frémit à l’idée que la fille d’auberge pouvait s’être trompée. Ayant demandé à voir la maison, on les admit dans le vestibule, et Élisabeth pendant