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choisie, et bien qu’elle parût affligée du départ de ses amies, elle ne semblait point demander leur pitié ; sa maison et son ménage, sa paroisse et sa basse-cour, et tous les soins divers qu’ils exigeaient, avaient encore pour elle tout le charme de la nouveauté.

Enfin la voiture arriva, les malles et les paquets y furent placés, et l’on annonça que tout était prêt. Après un adieu fort tendre entre les deux amies, Élisabeth fut conduite à la voiture par M. Colins ; comme elle traversait le jardin, il la chargea de tous ses respects pour sa famille, sans oublier ses remerciements pour les civilités qu’il avait reçues l’hiver précédent à Longbourn, et ses compliments à M. et Mme Gardener, bien qu’il ne les connût point. Alors il lui donna la main pour monter en voiture, Maria la suivit ; la portière allait être fermée lorsque soudain il se rappella, non sans confusion, qu’elles ne l’avaient encore chargé d’aucune commission pour les dames de Rosings.

« Mais, ajouta-t-il, vous désirez sans doute qu’on leur offre vos très humbles respects, et les remerciements les plus sincères, pour les bontés dont elles vous ont honorées durant votre séjour ici. »

Élisabeth n’y fit point d’objection. La portière fut donc fermée et elles partirent.

« Comme le temps a passé vite ! s’écria Maria, après quelques moments de silence ; il me semble qu’il y a à peine deux jours que nous avons quitté Herfordshire, et cependant que de choses se sont passées depuis !

— Oui vraiment, dit sa compagne en soupirant.

— Nous avons dîné neuf fois à Rosings, outre deux soirées que nous y avons passées. Oh ! que de choses j’aurai à dire.

— Et moi, ajouté tout bas Élisabeth, que de choses j’aurai à cacher ! »

Leur voyage se fit sans aucun événement remarquable et quatre heures après leur départ de Hunsford, elles arrivèrent à la maison de M. Gardener, où elles devaient rester quelques jours.