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« Ô Hélen ! s’écria-t-elle, peut-on lui trouver le moindre défaut ? Elle est si belle, si bonne, son esprit est si cultivé, ses manières si charmantes ! Quant à mon père, bien qu’il ait quelques singularités, on ne lui peut rien reprocher. Il possède des connaissances que M. Darcy lui-même ne saurait dédaigner, et jouit d’une réputation que sans doute il n’acquerra jamais. » Lorsqu’elle pensait à sa mère, son assurance, il est vrai, l’abandonnait un peu, mais elle ne voulut point avouer que les faiblesses de Mme Bennet eussent fait impression sur M. Darcy, étant persuadée que des titres de noblesse, non les qualités du cœur, étaient ce qu’il voulait le plus trouver dans les parents de son ami ; et elle décida enfin qu’il s’était laissé conduire par le plus vil orgueil, puis un peu par le désir de garder M. Bingley pour Mlle Darcy.

L’émotion et les pleurs, causés par ces réflexions, lui donnèrent un violent mal de tête, qui, joint au peu de désir qu’elle avait de revoir M. Darcy, la décida à ne pas accompagner ses hôtes à Rosings, où ils étaient invités à passer la soirée. Mme Colins la voyant réellement indisposée ne la pressa point d’y aller, et fit ce qu’elle put pour empêcher son mari de le faire, mais M. Colins ne put cacher sa crainte que lady Catherine ne fût mécontente de ne la voir point se rendre à son invitation.