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Je crois avoir ouï dire que M. Binglev ne comptait plus revenir à Netherfield.

— Je ne connais point ses intentions à ce sujet, mais il est probable que désormais il l’habitera peu ; il a beaucoup d’amis, et à son âge les liaisons et par conséquent les engagements augmentent chaque jour.

— S’il ne compte venir que rarement à Netherfield, il serait à désirer pour les voisins qu’il l’abandonnât entièrement, car il se pourrait alors que quelque famille s’y vînt fixer ; mais peut-être M. Bingley n’a-t-il pas loué cette maison, autant pour le bon plaisir des voisins que pour le sien, aussi devons-nous nous attendre à ce qu’il la garde ou la quitte, sans nous en demander avis.

— Il désire acheter une terre, dit Darcy, et je pense que s’il en trouvait une qui lui convînt, il abandonnerait alors Netherfield. »

Élisabeth ne répondit point ; elle craignait de parler trop du maître de ce château et, n’ayant plus rien à dire, elle résolut de laisser à Darcy le soin de trouver quelque autre sujet de conversation ; il la comprit, et peu d’instants après commença par :

« Cette maison paraît fort commode, lady Catherine y a fait beaucoup d’embellissements lors de l’arrivée de M. Colins à Hunsford.

— Je le crois assurément ; elle ne pouvait accorder sa protection à un être plus reconnaissant.

— M. Colins semble avoir fait choix d’une femme très aimable.

— Oui, vraiment. Ceux qui s’intéressent à lui peuvent, avec raison, se réjouir de ce mariage ; car il y a peu de femmes sensées qui eussent voulu l’épouser, et encore moins qui, en l’épousant, l’eussent rendu heureux. Mon amie a du jugement, de l’esprit même, quoique je ne puisse dire que je regarde son mariage avec M. Colins comme une forte preuve de son jugement, elle paraît néanmoins très heureuse, et ce parti, quant à la fortune, était assez avantageux pour elle.

— Elle doit aussi être bien aise de demeurer à si peu de distance de sa famille et de ses amis.