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chapitre 4


Quand Hélen et Élisabeth furent seules, la première, qui jusque là avait été silencieuse sur le compte de M. Bingley, dit à sa sœur combien elle l’avait trouvé aimable.

« Il est justement ce qu’un jeune homme doit être, dit-elle, sensé, gai et affable ; je n’avais pas encore vu quelqu’un unir des manières aussi distinguées à tant d’aisance et si peu de fatuité.

— Il est aussi fort joli homme, reprit Élisabeth, ainsi le voilà un être parfait.

— J’ai été très flattée qu’il m’ait deux fois demandé à danser, je ne m’attendais pas à cet empressement.

— Vous ne vous y attendiez pas ? Eh bien ! moi, je m’y attendais ; mais voilà la différence entre nous deux, les compliments vous surprennent toujours, et moi jamais : quoi de plus naturel que de vous demander une seconde fois ? Il était impossible qu’il ne vît point que vous étiez la plus belle personne du bal.

— Je ne le remercie point de cette galanterie.

— Après tout, il est fort agréable ; je vous permets de le trouver tel, vous en avez admiré de bien plus sots.

— Chère Lizzy !

— Ah ! vous êtes beaucoup trop encline à aimer tout le monde en général ; vous ne voyez jamais les défauts des autres, toutes les personnes que vous connaissez sont bonnes et aimables à vos yeux, je ne vous ai de ma vie entendu dire du mal de qui que ce fût.

— Je ne voudrais pas être trop prompte à censurer n’importe qui, mais je dis toujours ce que je pense.