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ORGUEIL

Elle suivit son père jusqu’à la cheminée, et là, s’étant tous deux assis, il prit ainsi la parole :

« J’ai reçu ce matin une lettre qui m’a fort étonné ; comme son contenu vous concerne particulièrement, je dois vous la faire connaître : j’ignorais auparavant, que j’eusse deux filles sur le point d’être mariées ; laissez-moi vous féliciter d’une conquête aussi importante. »

La plus vive rougeur vint déceler l’embarras d’Élisabeth ; et comme elle pensait que ce devait être une lettre du neveu plutôt que de la tante, elle ne savait trop s’il fallait être satisfaite de le voir s’expliquer enfin, ou mécontente de ce que la lettre ne lui fût pas adressée à elle-même, lorsque son père continua :

« Vous rougissez, je crois ; les demoiselles ont sur de pareilles matières une extrême pénétration ; mais je puis, ce me semble, vous défier, quelque sagacité dont vous soyez douée, de deviner le nom de votre futur… Cette lettre est de M. Colins.