Page:Austen - Orgueil et Prevention 2.djvu/179

Cette page a été validée par deux contributeurs.
175
ET PRÉVENTION

maître de poste, vous serez bien servie. »

Lady Catherine avait bien d’autres questions à faire concernant leur voyage ; et comme elle ne répondait pas à toutes elle-même, il fallut donner quelque attention à ses discours : et Élisabeth pensa que c’était chose fort heureuse pour elle, car, avec un esprit aussi préoccupé, elle aurait bien pu oublier où elle était. Ce n’est que dans la solitude qu’on peut se livrer sans réserve à la réflexion : aussi, dès qu’Élisabeth se trouvait seule, elle s’y abandonnait entièrement comme le seul moyen qui lui offrît quelque soulagement. Tous les jours elle se rendait dans son allée favorite et là, seule avec sa pensée, elle se livrait à toute l’amertume de ses souvenirs.

Elle était en bon train de savoir par cœur la lettre de M. Darcy, elle en étudiait chaque phrase, et ses sentimens envers l’auteur étaient parfois bien différens. Lorsqu’elle se rappelait la manière dont il lui avait exprimé ses vœux, son