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ET PRÉVENTION

jour marqué ; sa réception à Longbourn ne fut pas aussi gracieuse cette fois qu’à son premier voyage ; mais il était trop heureux pour s’en apercevoir, et par bonheur pour les dames Bennet, le soin de faire sa cour l’occupait exclusivement ; il demeurait à Lucas-Lodge la plus grande partie du jour, et souvent ne revenait à Longbourn qu’assez à temps pour demander excuse de son absence, avant que la famille allât se coucher.

Mme  Bennet était réellement dans un état pitoyable, le moindre mot qui eût rapport à ce mariage la mettait hors d’elle-même, et cependant comment sortir sans en entendre parler ? Mlle  Lucas lui était un objet odieux ; comme héritière de Longbourn, elle la regardait avec une jalousie extrême. Quand Charlotte les venait voir, elle anticipait, selon elle, le moment de la possession ; parlait-elle bas à M. Colins, ils s’entretenaient de la terre de Longbourn, et du plaisir qu’ils auraient à l’en chasser, ainsi que ses filles, au moment même de la mort de M. Ben-