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lettre à écrire, se retira après le thé ; on alloit se mettre au jeu, elle n’étoit plus nécessaire à sa sœur pour contrecarrer les projets de sa mère. Mais en rentrant au salon, elle s’aperçut, à son extrême surprise, qu’il y avoit quelques raisons de craindre que sa mère n’eût été trop ingénieuse, car en ouvrant la porte elle vit sa sœur et Bingley seuls, debout près de la cheminée, engagés dans la plus sérieuse conversation ; et, lors même qu’elle n’auroit eu aucun soupçon, la précipitation avec laquelle ils détournèrent leurs têtes en s’éloignant l’un de l’autre, lui auroit tout révélé. Si leur position étoit embarrassante, la sienne ne l’étoit pas moins. Ils s’étoient assis tous les trois, et comme ils ne prononçoient pas une parole, Elisabeth étoit sur le point de se lever et de se retirer, lorsque Bingley, quittant sa chaise, dit quelques mots à voix basse à Jane, et s’élança hors de la chambre.