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Elisabeth n’en entendit pas un mot ; plongée dans ses réflexions, elle les suivit en silence ; elle étoit accablée par la honte et l’inquiétude. Sa présence dans ce lieu étoit la chose la plus malheureuse et la plus inconvenante. Combien elle devoit paroître extraordinaire à Darcy ! Ne pouvoit-il pas croire qu’elle s’étoit trouvée là dans le but de le rencontrer ! Pourquoi étoit-elle venue ? Pourquoi étoit-il arrivé un jour plutôt ? S’ils avoient été vingt pas plus loin, il ne l’auroit point reconnue ! Que signifioit le changement frappant de ses manières ? Non-seulement il étoit étonnant qu’il lui eût parlé, mais encore qu’il y eût mis tant de politesse, et qu’il lui eût demandé des nouvelles de toute sa famille ! Jamais elle ne lui avoit vu l’air moins réservé ; jamais il ne lui avoit parlé avec plus de douceur. Quel contraste avec leur dernière entrevue ; celle où il lui avoit remis sa lettre !