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mettant à la place de mon ami, je trouvois plusieurs objections à ce mariage. Je dois vous les dire, pour ma justification. Indépendamment de ce que cette union ne lui donnoit aucune fortune, aucune relation utile à sa situation dans le monde, elle l’exposoit à des désagrémens et à des mortifications de tous les jours. Il y avoit des objections à faire sur les parens de madame votre mère ; mais ce n’étoit rien auprès de ce ton vulgaire, ou peu convenable, qu’elle a presque toujours, que vos sœurs cadettes ont quelquefois, et dont Mr. Bennet lui-même n’est pas tout-à-fait exempt. J’ai un extrême regret de blesser votre sentiment sur ce point délicat ; mais je suis forcé, pour ma justification, de vous dire la vérité, tout en rendant hommage au tact parfait et à l’excellent ton, qui vous distinguent, ainsi que miss Jane au milieu de votre famille. Les sœurs de mon ami partageoient mes craintes sur les dispositions de leur frère. Nous nous entendimes. Pendant notre voyage à Londres, je fus chargé de lui en parler, et je l’assurai que la préférence que votre sœur lui accordoit étoit un sentiment si foible, qu’il ne risqueroit point de lui donner un chagrin profond en l’oubliant. Bingley a beaucoup de confiance en moi. J’obtins de