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Orgueil et préjugé.


“ Mon cher ami, je sais que j’ai été belle, mais qu’à présent je n’ai plus rien de très-remarquable. Quand on a cinq grandes filles, il ne faut plus penser à sa beauté. Or çà ! vous irez voir ce Mr. Bingley dès qu’il arriyera, n’est-il pas vrai ? »

“ C’est plus que je ne puis vous promettre. „

« Mais pensez donc à vos filles. Quelle superbe affaire cela ne feroit-il pas ! Sir William et lady Lucas sont décidés à aller lui faire visite, avec un but semblable ; car vous savez qu’en général, ils ne voient personne. Vous comprenez bien que je ne pourrai pas y aller si vous n’y faites pas une visite. »

“ Mais… : . Je crois que vous êtes trop scrupuleuse : il seroit charmé de vous voir. Je pourrai lui écrire quelques mots pour lui dire que je ne mets point d’opposition à ce qu’il épouse une de mes filles. Je lui recommanderai de préférence ma petite Lizzy. „

« N’allez pas faire cela ! vous êtes toujours bien prévenu pour Lizzy. Jeanne est pourtant beaucoup plus belle, et Lydie est bien plus douce. »

“ Elles n’ont rien de bien extraordinaire ni les unes ni les autres. Elles sont sottes et ignorantes comme toutes les jeunes filles ; mais Lizzy a un peu plus de vivacité que ses sœurs. »