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Orgueil et préjugé.

« Diantre ! cela est respectable ! » et elles se mirent à rire.

« Quand tout le quartier de Cheep-side seroit peuplé de leurs oncles, » dit Mr. Bingley, « elles n’en seroient pas moins très-agréables. »

« À la bonne heure, mais cela leur ôteroit la chance d’épouser des gens comme il faut, » répondit Mr. Darcy.

Les dames appuyèrent cette observation, et continuèrent à s’amuser aux dépens des parens de leur chère miss Jane Bennet. Après quoi elles passèrent dans sa chambre, et lui firent des tendresses, jusqu’au moment où on les appela pour le café. Elisabeth ne vouloit pas descendre ; mais sa sœur s’étant endormie, elle trouva convenable de paroître aussi dans le sallon. Tout le monde étoit au jeu quand elle entra. On lui proposa d’en être ; mais craignant qu’on ne jouât cher, elle s’en excusa, et prit un livre. Mr. Hurst la regarda avec de grands yeux ; puis il lui dit : « préférez-vous la lecture au jeu ? cela seroit singulier, à votre âge. »

« Miss Elisa Bennet, » dit miss Bingley, « méprise les cartes : elle ne trouve du plaisir qu’à lire. »

« Je ne mérite, » dit Elisabeth, « ni cet éloge, ni cette censure. Je n’aime point la