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“ Ce commencement ne promet pas beaucoup, » dit mistriss Norris, quand Fanny eut quitté la chambre. “ Ce n’est pas faute de l’avoir exhortée chemin faisant, je vous en réponds. Je lui ai fait sentir sur-tout combien il étoit important que la première impression fût en sa faveur ; mais elle pourroît bien tenir un peu de sa pauvre mère, qui étoit fort boudeuse. Cependant, il ne faut pas nous rebuter ; au fond il est assez naturel qu’elle aît du chagrin d’avoir quitté ses parens : elle ne sait pas encore ce qu’elle gagne au change. Il faut lui donner le temps de se reconnoître. ”

Il fallut en effet du temps, et plus que mistriss Norris n’étoit disposée à en accorder, pour accoutumer Fanny à la nouveauté de sa situation et à l’éloignement de tous ceux qu’elle aimoit. Il y avoit bien chez les habitans de Mansfield une intention générale de la traiter avec amitié, mais elle avoit une sensibilité vive, et rarement elle étoit comprise.

Le lendemain de l’arrivée de Fanny, il y eut suspension complète de leçons. On imagina que ce seroit un moyen de la familiariser avec ses cousines, mais cela ne produisit pas grand’chose. Les demoiselles Bartram prirent une fort mince opinion de Fanny en