Page:Austen - Mansfield-Park.djvu/6

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

loppées,

ce qui rendoit le contraste aussi frappant sous les rapports extérieurs que sous ceux de l’éducation. La différence d’âge n’étoit cependant pas considérable. Julia n’avoit que douze ans, et Marie treize. La pauvre petite étrangère étoit aussi malheureuse que possible. Craintive et déconcertée, elle n’osoit lever les yeux, et répondoit à peine aux questions qu’on lui adressoit, tant elle avoit peur de ne pouvoir s’empêcher de pleurer. Mistriss Norris ne l’avoit entretenue tout le long du voyage que du bonheur extraordinaire auquel elle étoit appelée, et de la reconnoissance qu’elle devoit en concevoir. Fanny se reprochoit de ne pouvoir être contente, et n’en étoit que plus à plaindre. En vain Sir Thomas s’efforçoit de l’encourager ; en vain mistriss Norris répétoit que Fanny étoit une grande fille, bien raisonnable, et qui voudroit faire honneur à ses parens. Les caresses même de lady Bartram, qui lui fit place sur son sofa à côté du petit chien, ne purent surmonter sa tristesse. La vue d’une excellente tourte aux confitures n’eut pas plus d’influence : il fallut que son petit cœur se dégonflât : elle se mit à pleurer. Le repos paraissant le meilleur remède à son chagrin et à la fatigue d’un long voyage, on la fit mettre au lit, et le sommeil vint bientôt tarir ses

Nn 2