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fussent agréables, en particulier ceux des femmes. On parcourut les divers théâtres et rien ne remplissoit toutes les conditions demandées. Enfin, la lassitude de l’indécision et la persévérance de Tom à dire plus de paroles et d’un ton plus haut que personne, fit prévaloir son choix. On se réunit pour la comédie, intitulée, Les vœux des amants. La distribution des rôles mit encore en évidence la jalousie réciproque des deux sœurs ; et toute l’adresse de Henri ne put empêcher que Julia, supplantée par Marie dans un rôle auquel toutes deux prétendoient, ne crut à un projet concerté entr’eux pour l’exclure. Sa défiance une fois excitée et son orgueil blessé, elle ne voulut entendre à aucun accomodement, et déclara qu’elle renonçoit à jouer. Fanny observoit en silence et s’amusoit assez de ce conflit de prétentions rivales plus ou moins bien dissimulées. Après que l’assemblée délibérante se fut séparée, elle eut la curiosité de lire la pièce, qui avoit été choisie. Elle avoit un sentiment fort délicat sur la décence qui doit être l’appanage des femmes, et ne pouvoit revenir de son étonnement en voyant quels étoient les rôles acceptés par ses cousines. Elle supposa qu’elles ne connoissoient pas bien ce à quoi elles s’engageoient, et