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sa vie assise ou couchée sur un sofa. Un petit chien favori étoit le seul objet de sa sollicitude, et lorsqu’elle avoit fait quelques festons ou quelques points de tapisserie dans la journée, elle étoit très-satisfaite de l’emploi de son temps. Mistriss Norris, au contraire, avoit une surabondance d’activité qui ne trouvoit son application que dans le ménage de lady Bartram, c’était elle qui se chargeoit d’en surveiller l’économie. Elle gouvernoit, et se mêloit de tout dans la maison de sa sœur, dont elle flattoit les enfans et grondoit les domestiques. Sir Thomas, qui étoit un homme de sens, auroit bien voulu que sa belle-sœur eût eu un peu de la paresse que sa femme avoit de trop, mais il aimoit la paix, et supportoit ce qu’il ne pouvoit changer.

Au bout de plusieurs années, pendant lesquelles mistriss Price n’avoit conservé presqu’aucune relation avec ses sœurs, elle essaya de rentrer en grace, et en communiquant à lady Bartram la naissance d’un neuvième enfant, dont elle lui demandoit d’être marraine, elle consultoit Sir Thomas sur la manière de placer son fils aîné âgé de onze ans. Cette lettre réveilla quelques sentimens d’affection et de pitié pour mistriss Price. On envoya une layette pour l’enfant, et un peu

d’argent