Page:Austen - Mansfield-Park.djvu/134

Cette page a été validée par deux contributeurs.

été gâtée par l’exemple et les maximes d’un monde corrompu).

Quoique le cœur de Fanny fût toujours ouvert à une tendre sympathie pour les peines de ses amis, quoique celles d’Edmond en particulier la touchassent sensiblement, il étoit impossible qu’elle se refusât au sentiment du bonheur qui lui étoit rendu.

Elle se retrouvoit à Mansfield ; elle étoit utile aux objets de son affection ; elle en étoit aimée. Elle n’avoit plus de persécutions à craindre de la part de Henri ; mais quand elle n’auroit pas eu tous ces sujets de satisfaction, une seule chose changeoit son existence : Edmond n’étoit plus subjugué par miss Crawford.

La douleur de Sir Thomas étoit aggravée par de tristes retours sur quelques erreurs dans sa conduite comme père, auxquelles il attribuoit une partie des malheurs de sa famille. Il s’accusoit de foiblesse à l’égard de Mad. Norris, à laquelle il avoit laissé exercer dans sa maison une influence dont il auroit dû prévoir les suites. Il s’étoit accoutumé à elle comme à un mal pour ainsi dire nécessaire ; et il s’étoit beaucoup trompé, en croyant que sa propre sévérité, opposée à l’excessive indulgence de sa belle-sœur,