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Peu-à-peu il s’établit entre les deux sœurs une douce intimité et des communications plus étendues. Elles s’arrangèrent pour passer ensemble leurs matinées dans une chambre de l’étage supérieur, où elles étoient assez tranquilles. Susanne avoit de l’esprit naturel, Fanny regrettoit qu’il n’eût point été cultivé. Il n’y avoit pas de livres dans la maison, mais elle pouvoit disposer d’une petite somme que son oncle lui avoit donné en partant. Elle n’avoit encore fait usage de cet argent que pour acheter un joli couteau à Betty, afin qu’elle n’enviât plus celui de sa sœur. Elle se trouva donc assez riche pour s’abonner à un magasin littéraire et commencer avec Susanne un petit cours de lectures bien choisies.

Si Susanne devoit en retirer de l’avantage, il ne convenoit pas moins à Fanny d’avoir une distraction aux souvenirs et aux inquiétudes qui auroient pu troubler son repos, car elle avoit reçu une lettre de sa tante, qui disoit Edmond prêt à partir pour Londres. Il avoit annoncé à Fanny qu’il lui écriroit lorsqu’il auroit quelque chose de bien intéressant à lui apprendre. Elle n’avoit que trop compris ce que cela signifioit, et l’heure de la poste n’arrivoit jamais sans lui donner une vive émotion.