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son séjour favori étoit celui de la cuisine, ce qui n’empêchoit pas qu’elle ne se plût à rapporter à sa mère tout ce qui s’y faisoit de mal.

Quant à Susanne, Fanny ne savoit pas bien encore qu’en penser. Son ton et ses procédés avec sa mère étoient en général très-peu convenables, quoiqu’il fût vrai que la raison étoit souvent de son côté. Elle manquoit essentiellement de douceur, et Fanny dont le caractère et les habitudes étoient si opposés à ce défaut, ne pouvoit lui pardonner ses violences avec ses frères et sa petite sœur, tout en convenant que sa patience étoit mise à de terribles épreuves.

Fanny avoit eu raison de croire que miss Crawford mettroit moins de vivacité dans sa correspondance lorsqu’Edmond ne seroit plus à portée de lire ses lettres ; mais ce qu’elle n’avoit pas prévu, c’est que son changement de situation les lui feroit désirer. La privation de tout plaisir de société, les rapports qu’elle avoit si long-temps entretenus avec Flora, et qui étoient liés à ses plus chers intérêts, donnoient un pris tout nouveau à cette relation, dans l’espèce d’exil où elle vivoit. Elle eut donc un mouvement de joie très-vif en voyant arriver une lettre de Flora et se seroit