Page:Austen - Mansfield-Park.djvu/126

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que la profession de son père ne lui avoit pas permis d’acquérir les avantages d’un esprit cultivé, ni les manières d’un homme du monde, mais il étoit plus grossier, plus négligent sur les devoirs de père, moins instruit que ne le comportoient les circonstances où il avoit vécu. Il n’avoit d’autre conversation que celle qui avoit rapport à son métier, d’autre lecture que les papiers publics et l’almanach de la marine, d’autre plaisir que de fumer et de boire.

Elle sentoit qu’elle ne feroit aucun progrès dans son affection. Lorsqu’il lui adressoit la parole, ce qui lui arrivoit rarement, c’étoit pour lui faire quelque plaisanterie de mauvais goût.

Fanny avoit éprouvé un mécompte bien plus sensible encore par rapport à sa mère, car elle s’étoit promise de grandes jouissances dans cette nouvelle relation, et chaque jour détruisoit quelqu’une de ses espérances. L’instinct maternel de Mad. Price s’étoit reveillé au premier moment, mais comme sa tendresse n’avoit pas d’autre source, elle s’étoit bientôt refroidie. Ses affections habituelles et ses nombreuses occupations avoient repris leurs cours et absorboient toutes ses facultés. D’ailleurs ses filles n’avoient jamais