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Elle trouva Jane avec un sourire de contentement et une flamme joyeuse dans le regard qui montraient assez combien elle était satisfaite de sa soirée. Elizabeth s’en aperçut tout de suite et tout autre sentiment s’effaça en elle devant l’espoir de voir Jane sur le chemin du bonheur.

— J’aimerais savoir, dit-elle en souriant, elle aussi, si vous avez appris quelque chose sur Mr. Wickham. Mais vous étiez peut-être engagée dans un entretien trop agréable pour penser aux autres. En ce cas, vous êtes tout excusée.

— Non, reprit Jane, je ne l’ai point oublié, mais je n’ai rien de satisfaisant à vous dire. Mr. Bingley ne connaît pas toute son histoire et ignore ce qui a le plus offensé Mr. Darcy. Il répond seulement de la probité et de l’honneur de son ami et il est convaincu que Mr. Wickham ne mérite même pas ce que Mr. Darcy a fait pour lui. Je regrette de dire que d’après sa sœur comme d’après lui, Mr. Wickham ne serait pas un jeune homme respectable.

— Mr. Bingley connaît-il lui-même Mr. Wickham ?

— Non, il l’a vu l’autre matin à Meryton pour la première fois.

— Donc les renseignements qu’il vous a donnés lui viennent de Mr. Darcy. Cela me suffit. Je n’éprouve aucun doute quant à la sincérité de Mr. Bingley, mais permettez-moi de ne pas me laisser convaincre par de simples affirmations. Puisque Mr. Bingley ignore une partie de l’affaire et n’en connaît le reste que par son ami, je préfère m’en tenir à mon sentiment personnel sur les deux personnes en question.

Elle prit alors un sujet plus agréable pour toutes deux et sur lequel elles ne pouvaient manquer de s’entendre. Elizabeth se réjouit d’entendre sa sœur lui exprimer l’espoir joyeux, bien que timide, qu’entretenait en elle l’attitude de Mr. Bingley à son égard, et dit ce qu’elle put pour affermir la confiance de Jane. Puis, comme Mr. Bingley lui-même s’avançait