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dédommager du tort qu’il leur ferait en héritant à leur place de la propriété de leur père, et il le jugeait excellent. N’était-il pas convenable et avantageux pour les Bennet, en même temps que très généreux et désintéressé de sa part ?

La vue de ses cousines ne changea rien à ses intentions. Le charmant visage de Jane ainsi que sa qualité d’aînée fixa son choix le premier soir, mais, le lendemain matin, il lui fallut modifier ses projets. Dans un bref entretien qu’il eut avant le déjeuner avec Mrs. Bennet il lui laissa entrevoir ses espérances, à quoi celle-ci répondit avec force sourires et mines encourageantes qu’elle ne pouvait rien affirmer au sujet de ses plus jeunes filles, mais que l’aînée, — c’était son devoir de l’en prévenir, — serait sans doute fiancée d’ici peu.

Mr. Collins n’avait plus qu’à passer de Jane à Elizabeth. C’est ce qu’il fit pendant que Mrs. Bennet tisonnait le feu. Elizabeth qui par l’âge et la beauté venait immédiatement après Jane était toute désignée pour lui succéder.

Cette confidence remplit de joie Mrs. Bennet qui voyait déjà deux de ses filles établies et, de ce fait, l’homme dont la veille encore le nom seul lui était odieux se trouva promu très haut dans ses bonnes grâces.

Lydia n’oubliait point son projet de se rendre à Meryton. Ses sœurs, à l’exception de Mary, acceptèrent de l’accompagner, et Mr. Bennet, désireux de se débarrasser de son cousin qui depuis le déjeuner s’était installé dans sa bibliothèque où il l’entretenait sans répit de son presbytère et de son jardin, le pressa vivement d’escorter ses filles, ce qu’il accepta sans se faire prier.

Mr. Collins passa le temps du trajet à émettre solennellement des banalités auxquelles ses cousines acquiesçaient poliment. Mais, sitôt entrées dans la ville les deux plus jeunes cessèrent de lui prêter le moindre