est un délassement, je vous assure, quand on est resté si longtemps immobile.
Elizabeth, bien que surprise, consentit, et le but secret de miss Bingley fut atteint : Mr. Darcy leva les yeux. Cette sollicitude nouvelle de miss Bingley à l’égard d’Elizabeth le surprenait autant que celle-ci, et, machinalement, il ferma son livre. Il fut aussitôt prié de se joindre à la promenade, mais il déclina l’invitation : il ne voyait, dit-il, que deux motifs pour les avoir décidées à faire les cent pas ensemble et, dans un cas comme dans l’autre, jugeait inopportun de se joindre à elles. Que signifiaient ces paroles ? Miss Bingley mourait d’envie de le savoir, et demanda à Elizabeth si elle comprenait.
— Pas du tout, répondit-elle. Mais soyez sûre qu’il y a là-dessous une méchanceté à notre adresse. Le meilleur moyen de désappointer Mr. Darcy est donc de ne rien lui demander.
Mais désappointer Mr. Darcy était pour miss Bingley une chose impossible et elle insista pour avoir une explication.
— Rien n’empêche que je vous la donne, dit-il, dès qu’elle lui permit de placer une parole ; vous avez choisi ce passe-temps soit parce que vous avez des confidences à échanger, soit pour nous faire admirer l’élégance de votre démarche. Dans le premier cas je serais de trop entre vous et, dans le second, je suis mieux placé pour vous contempler, assis au coin du feu.
— Quelle abomination ! s’écria miss Bingley. A-t-on, jamais rien entendu de pareil ? Comment pourrions-nous le punir d’un tel discours ?
— C’est bien facile, si vous en avez réellement le désir. Taquinez-le, moquez-vous de lui. Vous êtes assez intimes pour savoir comment vous y prendre.
— Mais pas le moins du monde, je vous assure. Le moyen de s’attaquer à un homme d’un calme aussi imperturbable et d’une telle présence d’esprit. Non,