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— Je le lui ai déjà dit une fois à votre prière.

— Votre plume grince ! Passez-la-moi. J’ai un talent spécial pour tailler les plumes.

— Je vous remercie, mais c’est une chose que je fais toujours moi-même.

— Comment pouvez-vous écrire si régulièrement ?

— …

— Dites à votre sœur que j’ai été enchantée d’apprendre les progrès qu’elle a faits sur la harpe. Dites-lui aussi que son petit croquis m’a plongée dans le ravissement : il est beaucoup plus réussi que celui de miss Grantley.

— Me permettez-vous de réserver pour ma prochaine lettre l’expression de votre ravissement ? Actuellement, il ne me reste plus de place.

— Oh ! cela n’a pas d’importance. Je verrai du reste votre sœur en janvier. Lui écrivez-vous chaque fois d’aussi longues et charmantes missives, Mr. Darcy ?

— Longues, oui ; charmantes, ce n’est pas à moi de les juger telles.

— À mon avis, des lettres écrites avec autant de facilité sont toujours agréables.

— Votre compliment tombe à faux, Caroline, s’écria son frère. Darcy n’écrit pas avec facilité ; il recherche trop les mots savants, les mots de quatre syllabes, n’est-ce pas, Darcy ?

— Mon style épistolaire est évidemment très différent du vôtre.

— Oh ! s’écria miss Bingley, Charles écrit d’une façon tout à fait désordonnée ; il oublie la moitié des mots et barbouille le reste.

— Les idées se pressent sous ma plume si abondantes que je n’ai même pas le temps de les exprimer. C’est ce qui explique pourquoi mes lettres en sont quelquefois totalement dépourvues.

— Votre humilité devrait désarmer la critique, master Bingley, dit Elizabeth.