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Jane et son mari ne restèrent qu’un an à Netherfield. Le voisinage trop proche de Mrs. Bennet et des commérages de Meryton vinrent à bout même du caractère conciliant de Bingley et du cœur affectueux de la jeune femme. Le vœu de miss Bingley et de Mrs. Hurst fut alors accompli : leur frère acheta une propriété toute proche du Derbyshire, et Jane et Elizabeth, outre tant d’autres satisfactions, eurent celle de se trouver seulement à trente milles l’une de l’autre.

Kitty, pour son plus grand avantage, passa désormais la majeure partie de son temps auprès de ses sœurs aînées. En si bonne société, elle fit de rapides progrès, et, soustraite à l’influence de Lydia, devint moins ombrageuse, moins frivole et plus cultivée. Ses sœurs veillèrent à ce qu’elle fréquentât Mrs. Wickham le moins possible ; et bien que celle-ci l’engagea souvent à venir la voir en lui promettant force bals et prétendants, Mr. Bennet ne permit jamais à Kitty de se rendre à ses invitations.

Mary fut donc la seule des cinq demoiselles Bennet qui demeura au foyer, mais elle dut négliger ses chères études à cause de l’impossibilité où était sa mère de rester en tête-en-tête avec elle-même. Mary se trouva donc forcée de se mêler un peu plus au monde ; comme cela ne l’empêchait pas de philosopher à tort et à travers, et que le voisinage de ses jolies sœurs ne l’obligeait plus à des comparaisons mortifiantes pour elle-même, son père la soupçonna d’accepter sans regret cette nouvelle existence.

Le mariage de Jane et d’Elizabeth n’amena aucun changement chez les Wickham. Le mari de Lydia supporta avec philosophie la pensée qu’Elizabeth devait maintenant connaître toute l’ingratitude de sa conduite et la fausseté de son caractère qu’elle avait ignorées jusque-là, mais il garda malgré tout le secret espoir que Darcy pourrait être amené à l’aider dans sa carrière. C’était tout au moins ce que laissait