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pour elle, j’étais convaincu qu’ils seraient heureux ensemble.

— Et votre conviction, je le suppose, a entraîné immédiatement la sienne ?

— Parfaitement. Bingley est très sincèrement modeste ; sa défiance naturelle l’avait empêché de s’en remettre à son propre jugement, dans une question aussi importante. Sa confiance dans le mien a tout décidé. Mais je lui devais un autre aveu qui, pendant un moment, et non sans raison, l’a blessé. Je ne pouvais me permettre de lui cacher que votre sœur avait passé trois mois à Londres l’hiver dernier, que je l’avais su, et le lui avais laissé volontairement ignorer. Ceci l’a fâché ; mais sa colère, je crois bien, s’est évanouie en même temps que son doute sur les sentiments de votre sœur.

Elisabeth avait grande envie d’observer que Mr. Bingley avait été un ami tout à fait charmant et que sa docilité à se laisser guider rendait inappréciable ; mais elle se contint. Elle se rappela que Mr. Darcy n’était pas encore habitué à ce qu’on le plaisantât, et il était encore un peu tôt pour commencer.

Tout en continuant à parler du bonheur de Bingley, qui, naturellement, ne pouvait être inférieur qu’au sien, il poursuivit la conversation jusqu’à leur arrivée à Longbourn. Dans le hall, ils se séparèrent.




LIX


— Ma chère Lizzy, où avez-vous bien pu aller vous promener ?

Telle fut la question que Jane fit à Elizabeth, à son retour, et que répétèrent les autres membres de la famille au moment où l’on se mettait à table. Elle répondit qu’ils avaient marché au hasard des routes jusqu’à ne plus savoir exactement où ils se trouvaient,