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— Je suis certainement la créature la plus heureuse du monde, s’écria Jane. Ô Lizzy ! pourquoi suis-je la privilégiée de la famille ? Si je pouvais seulement vous voir aussi heureuse ! S’il y avait seulement pour vous un homme comparable à Charles !

— Quand vous me donneriez à choisir parmi vingt autres exemplaires de votre fiancé, je ne pourrais jamais être aussi heureuse que vous. Il me manquerait pour cela votre aimable caractère. Non, non ; laissez-moi me débrouiller comme je pourrai. Peut-être, avec un peu de chance, pourrai-je trouver un jour un second Mr. Collins !




LVI


Une semaine environ après les fiançailles de Jane, comme les dames étaient réunies un matin dans la salle à manger en compagnie de Bingley, leur attention fut éveillée soudain par le bruit d’une voiture, et elles aperçurent une chaise de poste à quatre chevaux qui contournait la pelouse. L’heure était vraiment matinale pour une visite d’amis, et d’ailleurs ni l’équipage, ni la livrée du cocher ne leur étaient connus. Cependant, comme il était certain que quelqu’un allait se présenter, Bingley eut tôt fait de décider Jane à l’accompagner dans le petit bois pour fuir l’intrus. Mrs. Bennet et ses autres filles se perdaient en conjectures lorsque la porte s’ouvrit et livra passage à lady Catherine.

Elle entra dans la pièce avec un air encore moins gracieux que d’habitude, ne répondit à la révérence d’Elizabeth qu’en inclinant légèrement la tête et s’assit sans mot dire. Elizabeth l’avait nommée à sa mère après son entrée, bien que Sa Grâce n’eût pas demandé à être présentée. Mrs. Bennet stupéfaite, mais flattée de voir chez elle une personne de si haute