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a eu lieu le mariage de G. Wickham esq. et de miss Lydia Bennet, » un point, c’est tout ! rien sur mon mari ou sur le lieu de notre résidence. C’est mon frère Gardiner qui l’avait fait insérer ; je me demande à quoi il a pensé ! L’avez-vous vue ?

Bingley répondit affirmativement et présenta ses félicitations. Elizabeth n’osait lever les yeux, et ne put lire sur le visage de Mr. Darcy.

— Assurément, avoir une fille bien mariée est une grande satisfaction, continua Mrs. Bennet, mais en même temps, Mr. Bingley, la séparation est une chose bien dure. Ils sont partis pour Newcastle, tout à fait dans le Nord, et ils vont y rester je ne sais combien de temps. C’est là que se trouve le régiment de mon gendre. Vous savez sans doute qu’il a quitté la milice et réussi à passer dans l’armée régulière ? Dieu merci, il a quelques bons amis, peut-être pas autant qu’il le mérite !

Cette flèche à l’adresse de Mr. Darcy mit Elizabeth dans une telle confusion qu’elle eut envie de s’enfuir, mais, se ressaisissant, elle sentit au contraire la nécessité de dire quelque chose, et demanda à Bingley s’il pensait faire à la campagne un séjour de quelque durée. « De plusieurs semaines, » répondit-il.

— Quand vous aurez tué tout votre gibier, Mr. Bingley, lui dit Mrs. Bennet, il faudra venir ici et chasser autant qu’il vous plaira sur les terres de Mr. Bennet. Mon mari en sera enchanté et vous réservera ses plus belles compagnies de perdreaux.

La souffrance d’Elizabeth s’accrut encore devant des avances aussi déplacées. « Alors même, pensait-elle, qu’on pourrait reprendre le rêve de l’année dernière, tout conspirerait à le détruire encore une fois. » Et il lui sembla que des années de bonheur ne suffiraient pas pour les dédommager, elle et Jane, de ces instants de pénible mortification.

Cette fâcheuse impression se dissipa pourtant quand elle remarqua combien la beauté de Jane semblait