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toutes les maisons du voisinage pouvant convenir à sa fille et, sans qu’elle sût ni considérât quel pourrait être le budget du jeune ménage, rien ne pouvait la satisfaire.

— Haye Park ferait l’affaire si les Gouldinez s’en allaient, ou la grande maison à Stoke, si le salon était un peu plus vaste. Mais Ashworth est trop loin ; je ne pourrais supporter l’idée d’avoir Lydia à dix milles de chez nous. Quant à Purvis Lodge, le toit de la maison est trop laid.

Son mari la laissa parler sans l’interrompre tant que les domestiques restèrent pour le service ; mais quand ils se furent retirés, il lui dit :

— Mrs. Bennet, avant de retenir pour votre fille et votre gendre une ou plusieurs de ces maisons, tâchons d’abord de nous entendre. Il y a une maison, en tout cas, où ils ne mettront jamais les pieds. Je ne veux pas avoir l’air d’approuver leur coupable folie en les recevant à Longbourn.

Cette déclaration provoqua une longue querelle, mais Mr. Bennet tint bon, et ne tarda pas à en faire une autre qui frappa Mrs. Bennet de stupéfaction et d’horreur : il dit qu’il n’avancerait pas une guinée pour le trousseau de sa fille et affirma que Lydia ne recevrait pas de lui la moindre marque d’affection en cette circonstance. Mrs. Bennet n’en revenait pas ; elle ne pouvait concevoir que la colère de son mari contre sa fille pût être poussée au point de refuser à celle-ci un privilège sans lequel, lui semblait-il, le mariage serait à peine valide. Elle était plus sensible pour Lydia au déshonneur qu’il y aurait à se marier sans toilette neuve qu’à la honte de s’être enfuie et d’avoir vécu quinze jours avec Wickham avant d’être sa femme.

Elizabeth regrettait maintenant d’avoir confié à Mr. Darcy, dans un moment de détresse, les craintes qu’elle éprouvait pour sa sœur. Puisqu’un prompt mariage allait mettre fin à son aventure, on pouvait espérer en cacher les malheureux préliminaires à ceux