Page:Austen - Les Cinq filles de Mrs Bennet.djvu/278

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nication servit pour tout le monde. Après un court préambule pour les préparer à de bonnes nouvelles, Jane lut la lettre tout haut. Mrs. Bennet avait peine à se contenir. Quand vint le passage où Mr. Gardiner exprimait l’espoir que Lydia serait bientôt mariée, sa joie éclata, et la suite ne fit qu’ajouter à son exaltation. Le bonheur la bouleversait aussi violemment que l’inquiétude et le chagrin l’avaient tourmentée.

— Ma Lydia ! Ma chère petite Lydia ! s’exclama-t-elle. Quelle joie, elle va se marier ! Je la reverrai. Elle va se marier à seize ans. Oh ! mon bon frère ! Je savais bien qu’il arrangerait tout ! Comme il me tarde de la revoir, et de revoir aussi ce cher Wickham… Mais les toilettes ? les toilettes de noce ? Je vais écrire tout de suite à ma sœur Gardiner pour qu’elle s’en occupe. Lizzy, mon enfant, courez demander à votre père combien il lui donnera. Non, restez ! restez ! J’y vais moi-même. Sonnez Hill, Kitty ; je m’habille à l’instant. Lydia, ma chère Lydia ! Comme nous serons contentes de nous retrouver !

Jane tenta de calmer ces transports en représentant à sa mère les obligations que leur créait le dévouement de Mr. Gardiner.

— Car, dit-elle, nous devons pour une bonne part attribuer cet heureux dénouement à la générosité de mon oncle. Nous sommes persuadés qu’il s’est engagé à aider pécuniairement Mr. Wickham.

— Eh bien ! s’écria sa mère, c’est très juste. Qui pouvait mieux le faire que l’oncle de Lydia ? S’il n’avait pas de famille, toute sa fortune devrait revenir à moi et à mes enfants. C’est bien la première fois que nous recevrons quelque chose de lui, à part de menus cadeaux de temps à autre. Vraiment, je suis trop heureuse : j’aurai bientôt une fille mariée. Mrs. Wickham… comme cela sonne bien ! Et elle n’a ses seize ans que depuis le mois de juin ! Ma chère Jane, je suis trop émue pour être capable d’écrire moi-même ; aussi je vais dicter et vous écrirez. Plus tard, nous